Bébé de un an, passif médical a la naissance, transition des bercements à l’endormissement autonome

Ma fille, 1 an, a un très lourd passif avec le sommeil : ça n’a jamais été. Bébé cardiaque, nous avons été séparées à la naissance. Aujourd’hui encore, nous avons entre 3 et 10 réveils par nuit, au moins un voire deux durant entre 45 min et 1h30.
Nous sommes épuisés, nous faisons tout au plus précis au niveau des siestes (qui sont aussi compliquées voire impossibles à la crèche). Plus le temps passe et moins ma fille est confortable à être bercée, seul moyen d’endormissement qu’elle a connu et qui a fonctionné pour elle. Depuis deux nuits, j’arrive à m’extraire de sa chambre où je dors avec elle depuis sa naissance, mais cela reste extrêmement compliqué. Elle prend encore un biberon la nuit (150-180 ml).

Que faire pour l’aider ? Elle est épuisée et Nous sommes à bout de ressources.

Je viens repreciser une question posée il y a quelques jours.
Ma fille Anna, bientôt 13 mois, éprouve depuis toujours des immenses difficultés de sommeil. Elle a toujours du s’endormir dans les bras jusqu’à présent et n’a jamais su s’endormir autrement.
Depuis quelques semaines, j’ai le sentiment qu’elle est inconfortable à être bercée, surtout pour les réveils en milieu de nuit(il y a entre 2 et 7 réveils par nuit).
Elle bat des jambes, se débat, voire tape et griffe. C’est très difficile à vivre en tant que maman. Elle a déjà tenté de se caler sur son lit mais ne sait pas s’endormir seule.

Nous sommes en train d’être accompagnés pour l’aider à trouver de l’autonomie, car la conseillère confirme mon impression : elle est inconfortable à être bercée à bras (c’est un bébé « grand format » dont la taille correspond davantage à un bébé de 18 mois) qui aimerait s’endormir autrement mais qui n’y arrive pas car ne l’a jamais expérimenté.

Nous sommes en train de l’accompagner très progressivement, en réduisant les bercements par pallier, en la posant progressivement dans son lit avant qu’elle ne soit complètement endormie. Cela ne fait que deux jours, et cela oscille entre des moments de drame (hurlements, griffe, tape) et des petits miracles (hier, dans la nuit, après son bibi, elle a cherché à s’endormir seule dans son lit et y est presque parvenu).

Ma première question est donc : même si je ne la laisse pas seule quand elle pleure et que je l’accompagne dans cette nouvelle manière de s’endormir, que je mets des choses en place progressivement, je ne risque pas de perdre la confiance de mon enfant ? Elle me tape et me griffe plus qu’avant ces derniers temps, j’éprouve beaucoup de difficultés à ce sujet, même si ma fille n’a jamais été une fille à câlin / bisous/ ni très tactile.

Deuxième question : un reveil pose question à plus d’un spécialiste consulté à ce propos. Depuis toujours, Anna se réveille apres le premier coucher : ce petit cycle oscille entre 30 min et 1:30 environ, et c’est systématiquement la panique pour elle. Personne à ce jour n’explique ce réveil sachant que son reflux est pris en charge.

Dernière précision : ma fille est cardiaque et nous avons été séparées à la naissance, son début de vie a été compliqué surtout que nous n’avons pas du tout été accompagnés en tant que nouveaux parents car la pathologie de ma fille « prenait toute la place ».

Bonjour,

Merci infiniment pour votre message, si clair et si touchant. On sent à travers vos mots à quel point vous êtes attentive à votre fille, à son confort, à ses besoins – et combien vous vous interrogez avec une grande honnêteté. Vous êtes en train de chercher un chemin plus apaisé pour elle, tout en restant à l’écoute, et franchement, c’est tout sauf évident. Vous n’avez pas été accompagnés au début, vous faites au mieux aujourd’hui, et je vous envoie beaucoup de soutien pour ce parcours exigeant.

1. Perte de confiance : est-ce un risque quand je la laisse pleurer mais que je reste à ses côtés ?

Je comprends bien votre question. Et je partage votre prudence. Je ne parlerais pas de « perte » de confiance si vous êtes présente, aimante, engagée… mais en l’état actuel des connaissances, on sait que la simple présence physique, sans contact ni interaction émotionnelle, ne suffit pas à apaiser un tout-petit en pleine détresse.

C’est une distinction importante : ce qu’on appelle co-régulation, ce n’est pas juste “être là”, c’est être activement engagé·e : par le regard, la voix, le toucher, la contenance physique ou verbale. Surtout si les pleurs sont intenses, si le bébé est agité ou en panique. Je parle un peu plus en détail de ça ici, si cela vous intéresse :
👉 https://www.instagram.com/p/C7T9xJfKp9u/

Donc non, je ne pense pas que vous mettiez en danger votre lien, mais si votre fille vit ces moments avec une grande intensité, alors la contenance active est probablement nécessaire pour qu’elle se sente pleinement en sécurité. Ce n’est pas un « échec » de devoir en faire plus qu’un simple accompagnement silencieux. C’est juste une question de besoins neurologiques encore immatures.

2. Ce réveil panique après le coucher du soir : une énigme fréquente

Vous décrivez un réveil 30 à 90 minutes après l’endormissement, toujours dans la panique. Et même si le reflux est traité, ce réveil reste présent. Honnêtement ? C’est aussi une zone de flou pour de nombreux professionnels. Même les neurosciences, si précises dans certains domaines, butent souvent sur l’émotionnel pur, le vécu corporel, la mémoire implicite.

Dans le cas de votre fille, la séparation à la naissance, la pathologie cardiaque, le stress parental très fort, sont autant de facteurs qui ont pu laisser des traces invisibles dans son système de sécurité intérieure.

Je vais vous faire une petite confession ici. J’ai accompagné une famille dans une situation assez similaire, et face à un réveil identique (toujours au bout de 45 minutes, toujours en cri de panique), aucune piste médicale, aucun ajustement de rythme ne changeait quoi que ce soit. Un jour, en désespoir de cause, on leur a proposé une piste que j’avoue avoir accueillie avec beaucoup de scepticisme (je suis assez cartésienne aussi !) : parler à leur enfant de sa naissance. À deux, chacun leur tour, en lui racontant leur vécu, en verbalisant ce qu’ils avaient ressenti.

Est-ce que c’est le fait d’avoir parlé ? Est-ce un hasard ? Un effet placebo ? Peu importe. Les réveils paniqués ont cessé.
Je ne vous donne pas ce conseil en tant qu’expert·e en psychologie – ce n’est pas (du tout) mon domaine. Mais simplement pour dire : si des spécialistes n’ont pas de réponse, cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien, juste que leur champ d’expertise ne permet pas toujours d’ouvrir toutes les portes. Parfois, c’est ailleurs qu’il faut chercher.

3. La technique proposée : ce qui questionne dans l’approche

Vous êtes en cours d’accompagnement pour ajuster les bercements, et on vous propose de poser votre fille progressivement dans son lit, encore éveillée. Vous le dites vous-même : elle a du mal à être bercée, mais ne supporte pas non plus l’endormissement seule, et les pleurs sont parfois très intenses.

Bien sûr, je ne dispose que des éléments que vous avez pu me donner dans l’espace possible du questionnaire, mais voici ce qui me questionne dans cette approche :

Les bercements, par le système vestibulaire qu’ils activent, sont un outil de régulation sensorielle très puissant. Si votre fille les vit mal, il est logique de chercher à les adapter… mais les supprimer sans alternative, vu la sensibilité de votre fille ne me semble pas la meilleure solution. Le système nerveux a besoin d’un équivalent : pressions profondes, balancements lents, voix, respiration rythmée… Quelque chose pour l’aider à redescendre. « Rien », c’est trop peu.

Avez-vous donc mis en place d’autres stimulations de ce genre, peut-être pas directement au moment de l’endormissement, mais avant, pour s’assurer que son système nerveux est assez apaisé?

La pose dans le lit éveillée, dans ce contexte de séparation mal vécue, peut créer une forme de dissonance émotionnelle : elle veut y arriver, mais n’a pas les outils neurologiques pour le faire. Ce type de pratique vient des méthodes comportementales (type “endormissement autonome”), et repose sur l’idée que le bébé apprend par répétition. Or, chez des enfants très sensibles, avec un vécu de séparation intense, ça peut ne pas fonctionner du tout, voire créer plus d’opposition, d’agitation, ou de repli.

Vous dites qu’elle a failli y arriver un soir, donc ça peut effectivement marcher, mais gardez en tête que ca reste légitime d’avoir besoin d’une action (même si c’est se balancer un peu avant de s’endormir, ou se mettre en position de côté), et qu’il se peut qu’elle ait besoin de vous pour trouver cette action.

Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez m’écrire en privé pour m’en dire plus sur cette approche, ou simplement en discuter. Et de meme si cette approche réussie avec votre fille, n’hésitez pas a m’en faire part, je suis toujours ouverte à tout ce qui peut aider les parents!

Courage dans cette période si particulière. Vous êtes en train de faire un travail précieux pour votre fille — et pour vous aussi.

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