Bonjour,
Ma fille a presque 9 mois, néé à J+4. Depuis sa naissance, elle est allaitée, dort dans mon lit la nuit, s’endort au sein uniquement, se réveille plusieurs fois par nuit et se rendort 95% du temps grâce au sein. Cela me réveille, mais je me rendors quasi immédiatement. Elle dort de 22h à 9h environ.
En journée, elle ne s’endort qu’en poussette ou portage, et dort x*30 minutes chrono.
Mon médecin me dit qu’il faut absolument la mettre dans son propre lit maintenant, car ce serait une période charnière où elle « construit sa structure de sommeil », et que si on loupe le coche maintenant, on est partis pour des années ainsi, qu’elle ne pourra pas accepter de dormir seule avant un long moment et surtout, elle me fait comprendre que ce n’est pas normal de dormir dans le lit de sa maman, ni de téter la nuit. Elle me dit que je suis « hyper maternelle » alors que j’ai juste l’impression de suivre les besoins de ma fille. J’ai déjà essayé de la faire dormir seule et elle a bien évidemment hurlé, ce que je refuse de lui faire vivre. Idem chez sa mamie pour la sieste.
Avez-vous des conseils à me donner?
Pour ma part, la situation me convient mais je reconnais être fatiguée. La séparation nocturne m’angoisse néanmoins.
Merci d’avance et bravo pour cette plateforme !
Bonjour,
Merci pour votre question et ce partage d’expérience avec votre medecin, car il va y avoir beaucoup à dire dessus!
Votre situation est bien plus courante qu’on ne le laisse parfois entendre… et surtout, elle est normale du point de vue du développement du bébé!
Ce que vous décrivez – allaitement, endormissement au sein, cododo, réveils nocturnes et siestes courtes en poussette ou portage – est une dynamique très fréquente à 9 mois. Je me permets d’être très claire : il n’y a rien de « pathologique » ni de « dysfonctionnel » là-dedans. Votre bébé ne fait pas d’anomalie du sommeil, et, non, vous n’êtes pas « trop maternante ». Vous répondez tout simplement aux besoins physiologiques et émotionnels d’un bébé!
Sur le fameux « coche à ne pas louper” ou l’idée qu’il y aurait une “fenêtre magique” à 9 mois : ce sont des mythes contemporains. Aucune étude sérieuse n’a démontré que le sommeil autonome devrait impérativement s’acquérir à cet âge, ni que le cododo ou l’allaitement pendant la nuit “empêche” votre bébé de bien dormir à l’avenir. Ce sont des croyances héritées d’une société qui valorise fortement l’autonomie… parfois au mépris du rythme émotionnel réel des tout-petits. Environ 70% des bébés de part le monde font du cododo à la naissance, et beaucoup encore les premières années de vie!
La construction de la sécurité nocturne se fait dans la continuité du lien et de la confiance : un bébé qui a été accompagné, même longtemps, est tout à fait capable de s’endormir paisiblement seul… quand il est prêt, souvent avec un minimum de transition progressive (rien d’obligatoire à 9 mois !). Beaucoup d’enfants, même ayant cododoté ou tété la nuit jusqu’à 2 ou 3 ans, deviennent des dormeurs autonomes sans trauma ni « cercle vicieux ».
Quelques repères et conseils si vous souhaitez (un jour) faire évoluer les choses, mais surtout pour vous rassurer :
– La succion (au sein), le contact, et la présence rapprochée sont des régulateurs puissants pour le système nerveux encore immature de votre bébé. Ce n’est pas une « mauvaise habitude », c’est une réponse adaptée à ses besoins d’aujourd’hui.
– Si la situation vous convient, il n’y a AUCUNE urgence à changer quoi que ce soit. Le fait d’être “fatiguée” est tout à fait compréhensible, mais tant que cela reste vivable, c’est vous (et uniquement vous !) qui pouvez choisir le rythme d’évolution.
– La séparation nocturne peut provoquer une réelle angoisse chez le parent comme chez l’enfant, surtout si elle est imposée ou faite contre ses élans. Le malaise que vous ressentez à l’idée d’un changement trop rapide est, lui aussi, légitime et protecteur pour votre lien.
Quelques idées douces si la fatigue devient plus gênante :
– À court terme : optimiser le cododo pour qu’il soit plus reposant (coussins, positions allongées plus confortables, sécurisation du lit, etc.).
– Introduire progressivement d’autres signaux d’apaisement (votre voix, main posée, doudou à votre odeur, tapotements rythmés sur le dos/fesses.
– Pour les siestes, tenter des transitions douces : d’abord rester à ses côtés quand elle dort, puis installer un petit cocon dans la poussette ou le lit avec un tissu à votre odeur, plutôt que de vouloir “poser” un bébé qui n’a jamais dormi seul de façon brutale.- Si la durée des siestes restent courtes, vous pouvez essayer de remettre à plat le rythme sur 24h: est-ce que les temps d’éveil sont adaptés, que ce passe-t-il si ils sont plus courts ou plus longs?, comment se réparti le sommeil jour/nuit? Comment est-elle au réveil de ces siestes?
Enfin, le plus important : vous n’êtes pas là pour répondre aux normes fantasmées de la société, mais pour accompagner votre fille selon vos valeurs et votre intuition. C’est déjà un immense pas pour sa sécurité affective future.
Vous faites du mieux possible, et ça, c’est déjà rare. Les jugements, on peut s’en passer!