Bonjour,
Mon bébé a 8 mois et demi maintenant, né à terme par césarienne d’urgence et allaité exclusivement depuis sa naissance. Il est très actif, tonique, surexcité par toutes ses acquisitions motrices.
Ses endormissements ont toujours été compliqués, il a dormi exclusivement sur moi pendant ses 4 premiers mois de vie puis j’ai réussi à le poser à côté de moi endormi. Il dort donc dans notre lit depuis, mais se réveille dès que je ne suis pas à côté de lui, même quelques minutes. Pour les siestes (2 x1h30 si tout se passe bien) ou pour la nuit. Je passe donc un temps considérable allongée tout près. Il se rendort instantanément quand il me voit ou il tête un peu pour se rassurer, mais il fait d’excellentes nuits si je suis là (12 h en moyenne). J’avoue que parfois c’est difficile à vivre et j’aimerais retrouver du temps pour moi quand il dort.
Pour parvenir à l’endormir, mon sein a longtemps été la seule ressource mais cela ressemble souvent à un match de catch tant il lutte pour ne pas sombrer. Parfois il s’endort en voiture si je mets un bruit blanc et qu’il tête mon petit doigt, curieusement être « entravé » par son siège auto semble l’aider, car il est moins tenté de repartir en exploration du monde.
Ma question est la suivante : d’après vos posts sur le sujet, je pense qu’il présente toutes les caractéristiques d’un bébé fomo, et j’aimerais quelques ressources supplémentaires pour l’aider à lâcher prise pour s’endormir.
On le promène en porte bébé tous les soirs avant le coucher car ça a l’air de l’aider à se réguler mais parfois même cela ne suffit pas. Il veut non stop apprendre, mettre en pratique ses acquis, explorer, regarder, communiquer. C’est magnifique et j’adore ça chez lui mais je suis parfois désemparée de le voir lutter alors qu’il tombe de fatigue : se gratte les yeux, tire ses oreilles, gratte son nez, agite son bras, etc. Il ne pleure quasi jamais mais je vois souvent qu’il est à bout.
Il arrive fréquemment que mon mari ou moi arpentions les rues du voisinage en pyjama à minuit pour parvenir à l’endormir.
Avez-vous des conseils?
Mille mercis!!
Bonjour,
Ce que vous décrivez est profondément parlant : la beauté de la relation avec un bébé ultra curieux, éveillé, passionné… mêlée à l’épuisement de ne plus avoir de temps pour soi, de devoir rester collée à lui même quand il dort, parce que sinon il se réveille instantanément. Vous êtes loin d’être seule à vivre cela, même si on en parle encore trop peu.
Votre bébé semble avoir ce qu’on appelle un haut seuil de perception sensorielle : il est attiré par les stimulations fortes, variées, intenses… et nombreuses!. Ces bébés-là apprennent vite, bougent beaucoup, explorent tout… mais ont souvent beaucoup de mal à s’arrêter. Et sans soutien extérieur adapté, l’endormissement devient une lutte – pour lui comme pour vous.
Et sincèrement, pour avoir vécu un bébé avec un tempérament similaire, je n’ai pas non plus trouvé de solution miracle qui marcherait à tous les coups.
Mais dans mon expérience perso, ce qui a changé beaucoup de choses, c’est de comprendre que les bébés (comme les adultes) n’ont pas un “besoin de X heures de sommeil”, mais plutôt fourchette d’heures de sommeil, qui va leur permettre de bien se développer.
Et les bébés avec ce tempérament ont tendance à utiliser… le minimum. Donc ils sont toujours à la limite. Ce qui veut dire que pour certains, il faut attendre un signal de fatigue plus fort, et prolonger les temps d’éveil de 5 à 10 minutes (voir plus, mais on commence progressivement) pour que l’endormissement devienne possible. À tester. Et si ça empire, bien sûr, on n’insiste pas.
Quelques pistes très concrètes à tester (et à adapter)
• Miser sur le sensoriel
Proposer d’autres repères sensoriels en plus ou à la place de votre présence :
Un tissu ou doudou avec votre odeur.
Des pressions profondes sur les jambes ou les pieds quand il lutte.
Des petits bercements très rythmés sur les fesses.
Un espace cocon : gigoteuse, cocon, tour de lit, tissu doux… tout ce qui renforce la sensation de contenance.
A vous de tester suivant son profil sensoriel!
Chez moi, ce qui a tout changé à un moment donné, c’est de presser les plantes de pieds de ma fille dans mes mains, 5 à 10 fois, avec un contact visuel constant. Pendant parfois 20 minutes. Et ça devenait un sas incroyable. Pas instantané, mais profond.
• Ritualiser… à sa façon
Les rituels “calmes” ne conviennent pas à tous les bébés. Pour certains, le mouvement est nécessaire avant de pouvoir redescendre. Tourner, gigoter, être porté en tournant sur vous-même… ça peut paraître “excité”, mais c’est parfois exactement ce qu’il leur faut pour relâcher.
Essayez de garder une trame stable (mêmes gestes, même ordre), même si elle inclut des choses “dynamiques”. C’est la répétition qui crée un attendu rassurant, pas forcément la lenteur.
Le fait qu’il s’endorme dans la voiture, avec bruit blanc et tétée au doigt, est un super indice : le fait d’être contenu dans le siège auto active le sens proprioceptif, et en conséquence, le besoin de stimulation vestibulaire devient moindre. . Vous pouvez tester :
Des coussins d’allaitement autour de lui pendant les siestes (en présence de surveillance vu son âge).
Le matelas dans un coin avec deux murs adjacents pour renforcer l’effet “cadre”.
Des micro-bercements pendant l’endormissement, mais rythmés, réguliers, sans excitation visuelle.
Le fait qu’il se réveille dès que vous quittez le lit montre une grande sensibilité à son environnement (votre chaleur, votre odeur, le poids sur le matelas…). C’est un profil courant, mais qui s’améliore avec le temps. Vous pouvez expérimenter :
Mettre un coussin d’allaitement là où vous étiez, pour imiter un peu la pression sur le matelas.
Vous éloignez peu à peu, de quelques centimètres à peine chaque soir, pour qu’enfin quand vous partiez, cela ne change pas plusieurs paramètres d’un coup (rien que le bruit de votre respiration ou la perception de votre souffle peut être un repère qui lui manque si vous partez..)
• Impliquer l’autre parent, même si ce n’est pas simple
Il n’est pas rare que les bébés À cet âge n’accepte qu’un parent pour le rituel d’endormissement. Mais cela ne veut pas dire que le second parent, ou une tierce personne ne peut pas déjà poser les bases pour pouvoir plus tard participer plu facilement. Cela passe par les personnes qui participent au soin : bain, change, rituel du soir… Pas juste au jeu. C’est ce qui permet, peu à peu, qu’une autre personne que vous puisse aussi l’accompagner à l’endormissement. C’est progressif, mais ça commence par là.
Et surtout : rien ne presse
À 8 mois, et bien au-delà, les bébés ont un immense besoin de contact et de sécurité. Vous n’êtes pas en retard. Vous êtes juste dans le tempo de votre bébé. Et vous avez déjà mis en place énormément de choses intuitivement pertinentes : le portage du soir, l’observation fine de ses signaux, la souplesse dans l’accompagnement.
Même en pyjama dans la rue à minuit, vous êtes exactement là où il faut, en train de répondre à ses besoins.
Et vous avez aussi le droit de rêver à un peu plus de répit. Les deux peuvent coexister.
Prenez soin de vous autant que possible.
Belle continuation à toute votre famille.