Bonjour,
Merci d’avoir pris le temps de décrire la situation avec autant de détails. Ce que vous traversez avec votre bébé de 6 mois semble en effet éprouvant, et votre épuisement est totalement légitime. Beaucoup de parents dans la même situation finissent par se demander ce qu’ils font “mal” — alors, commençons par là : non, vous ne faites rien de travers. Vous répondez à un bébé qui, pour mille bonnes raisons (maturité neuro-développementale, besoin de contact, et appétit sensoriel), a besoin de vous pour dormir. C’est épuisant, mais c’est aussi parfaitement normal, en l’état actuel des connaissances sur le développement du sommeil du nourrisson.
**Quelques idées pour comprendre et traverser cette période :**
– **Bébé ne s’endort qu’au sein ou en mouvement :** C’est plus la norme que l’exception chez les bébés de 6 mois, surtout pour ceux qui ont un trouble de la succion. La succion apparaît alors comme une régulation sensorielle clé… mais si elle devient douloureuse, il est important d’en sortir progressivement, sans heurt ni pression.
– **Les cycles de sommeil sont courts, les réveils fréquents :** Entre 4 et 6 mois, le sommeil des tout-petits change, les cycles matures apparaissent, et la fragmentation du sommeil est (malheureusement) le passage obligé pour de très nombreux bébés. Le fait que votre bébé réclame toutes les 2h — et que cela n’évolue pas même avec un coucher plus tôt — est donc, en soi, un reflet de ce développement physiologique, et rarement un “problème à résoudre”.
– **Refus du lit** : Beaucoup de bébés trouvent le contraste entre vos bras (ou le portage/la poussette) et le matelas trop brutal. Ce n’est pas du caprice : la chaleur, l’odeur, le bercement, la contenance manquent cruellement dès qu’on les éloigne de l’adulte.
**Pourquoi la tétine, le doudou ne “prennent pas” ?**
Ce n’est pas rare : un bébé qui a un trouble de succion ou qui a un arc réflexe oral spécifique n’acceptera ni doudou ni tétine, du moins pas tout de suite. Et il n’y a aucune “erreur” de votre part (malgré les perles de la famille ou d’Instagram, qui vous expliquera que “la tétine ça règle tout” !).
**Des pistes concrètes pour le quotidien :**
– **Maximiser la contenance du lit** : Certains bébés tolèrent mieux la transition quand leur lit est plus “contenu” : vous pouvez essayer de rapprocher le lit d’un mur, poser un coussin d’allaitement autour (toujours sous votre vigilance stricte au moment de l’endormissement, sécurité avant tout), ou placer un t-shirt portant votre odeur sur le matelas. Ce n’est clairement pas magique, mais sur certains bébés sensibles, cela peut réduire le contraste des bras/matelas.
– **Transferts ultra-progressifs** : Après l’endormissement, attendre que le sommeil soit vraiment profond (mouvements oculaires lents, muscles relâchés, bras lourds), puis procéder à un transfert doux, en déposant d’abord les fesses, puis le dos, puis la tête, tout en maintenant la main fermement sur le torse quelques secondes. Parfois, ce sont des micro-détails qui font qu’un soir cela passe, puis plus du tout plusieurs jours… ce n’est ni de la faute de votre technique, ni une question “d’habitude à casser”, c’est simplement l’état de maturité de son système nerveux.
– **Essayer d’autres moyens d’apaisement/proprioception** : Vous pouvez tenter d’introduire, sans insister, des tapotements rythmés sur les fesses, une gigoteuse un peu plus contenante (qui exerce une légère pression sur le corps), ou des massages doux avant le coucher. Selon les profils, cela peut aider certains bébés à s’apaiser autrement qu’avec le sein.
– **Alléger la charge pour vos mamelons** : Si bébé tétouille trop et que cela devient douloureux, n’hésitez pas à privilégier selon vos capacités les siestes en portage/poussette/voiture, ou à proposer le sein pour l’endormir, puis, une fois le relâchement du menton bien net, glisser un doigt propre au coin de la bouche pour retirer doucement le sein (même si bébé se réveille, au fil du temps, il pourrait accepter des micro-pauses).
**Et sur votre fatigue…**
Il est primordial de rappeler que tenir dans la durée n’a rien à voir avec l’amour ou la “patience”. Votre santé compte aussi. Déléguez, alléguez la charge sur les siestes (portage, poussette…), laissez-la dormir contre vous la nuit si cela vous économise des réveils. Le cododo, quand il est fait en sécurité, n’est pas une aberration mais souvent un raccourci salvateur — et non, ce n’est pas une “mauvaise habitude” en l’état actuel des connaissances (et franchement, tant pis pour les idées reçues !).
**Quand consulter ?**
Si le trouble de la succion se majore, ou que la prise de lait/poids devient difficile, il serait pertinent de voir un(e) consultant(e) en lactation certifié(e) IBCLC ou un professionnel de santé sensibilisé à ces questions. Ma recommandation personnelle : Marina Boudey, de @lact’essence.
Quelques ressources complémentaires :
– Si vous souhaitez explorer la question de l’inconfort : [eBook sur les signaux d’alerte](https://dormircommeunbebe.eu/ebook_signaux_alerte/)
– Pour d’autres astuces sur les transitions bras-lit et la régulation sensorielle, j’aborde les détails pratiques dans ce post Instagram(vous pouvez piocher sans obligation).
N’oubliez jamais : répondre aux besoins de son bébé n’abîme rien, ne “gâche” rien, et le fait qu’il ait un sommeil perturbé maintenant n’indique rien sur son futur sommeil ni sur votre compétence parentale!