Tout d’abord merci beaucoup pour ce que vous faites, votre plate-forme m’offre du réconfort et des pistes pour essayer des choses dans les moments difficiles.
Ma fille de 5 mois a des endormissements difficiles depuis ses 2 mois. Elle crie, pleure, résiste à dormir. On a eu un mieux lorsque nous sommes partis en vacances cet été, et ça a continué lorsque nous sommes revenus, même si l’endormissement restait long, il se passait plus sereinement et un rituel semblait lui convenir (bain, puis pyjama, têté et dodo, parfois quelques bercements). C’est une adepte des siestes de 30min en journée, elle ne fait que ça, et se réveille parfois tranquillement parfois en pleurant. Lorsqu’elle pleure nous essayons de la rendormir mais ça ne fonctionne pas toujours. Généralement le soir, elle va faire une dernière sieste de 30min avant de partir pour la nuit. Toutes ses siestes sont faites en contact, il est impossible pour moi de la poser. Mon mari y arrive mieux, mais moi c’est impossible, alors qu’il y a eu un mieux pendant les vacances justement, elle pouvait être posée n’importe où, même avec du bruit autour ça ne la gênait pas. Jusqu’à présent les nuits en elles mêmes se passaient bien, donc je me réconfortais en me disant qu’une fois partie j’allais pouvoir me reposer aussi. Mais maintenant les nuits sont de plus en plus chaotiques (les dents arrivent aussi donc ça n’aide pas) et je ne peux plus la poser dans son cododo. Elle se réveille souvent quand j’essaye de la poser, donc je dois la récupérer sur moi, dormir un peu avec elle, puis la poser de nouveau… C’est devenu très compliqué en a peine une semaine, évidemment il y a les dents donc je sais que ça va finir par passer et qu’elle a besoin de réconfort, mais j’ai besoin de pouvoir dormir aussi. J’arrive à bout, j’avais espoir qu’au moins ses endormissements se passeraient mieux à partir de maintenant, mais ce n’est pas le cas et cela réveille en moi les galères qu’on a connues avant.
La journée elle joue beaucoup, commence à se déplacer beaucoup sur le ventre, veut tenir assise… En parallèle de ça nous faisons des promenades en portage, des bercements dynamiques, un peu de « danse » parfois…
Est-ce qu’il y a quelques chose qui manque ? J’hésite à essayer de diminuer la présence parentale pour l’endormir, vu que c’est « la solution » présentée sur internet, mais je ne sais pas si c’est la bonne solution pour ma fille et pour nous… Et je ne veux surtout pas « la forcer » à dormir.
Merci pour vos précieux conseils.
Bonjour,
Ce qui ressort de votre parcours, c’est que vous avez cheminé, observé, ajusté… Et que ce qui fonctionnait un temps ne fonctionne plus aujourd’hui. C’est le propre des bébés : ils changent, et ce qui stabilise le sommeil pendant une période peut exploser du jour au lendemain sans raison évidente… ou avec une dizaine de raisons invisibles (dents, poussées motrices, poussée sensorielle, séparation physique, “pic” développemental, etc). La bonne nouvelle, c’est que vous êtes très attentive à ses besoins — et c’est ça qui la construit sécurisée, même si le quotidien est plus épuisant en ce moment.
Quelques points importants pour votre situation :
Ce que vous décrivez (endormissements en contact impossibles à poser, endormissements qui redeviennent chaotiques alors qu’il y avait eu un “mieux”, siestes de 30 min, nuits plus fractionnées avec plaque dentaire en prime…) : c’est un classique du combo 5-6 mois + réveil de conscience du monde + inconforts possibles (dents, stimulation intense…) + mémoire toute neuve des séparations.
Les bébés de cet âge deviennent susceptibles aux séparations — même la plus petite tentative de poser dans le cododo — alors qu’ils “déconnectaient” plus facilement à 2-3 mois. Leur système d’attachement se densifie, leur cerveau peaufine la vigilance… On dit souvent “mon bébé a perdu tout ce qu’il avait acquis !” — Non : il traverse une autre étape, et c’est normal, même si c’est rude.
Les siestes très courtes, toujours en contact, sont épuisantes pour les parents (et honnêtement, rien dans la physiologie ne dit qu’un bébé doit savoir dormir seul ou plus longtemps à 5 mois…). Mais ce mode “toucher/calme/contact” reste pour beaucoup de bébés le mode de régulation principal à cet âge.
Faut-il essayer la “diminution de la présence” pour forcer l’apprentissage de l’endormissement autonome ?
En l’état actuel des connaissances, il n’existe AUCUNE preuve que de diminuer volontairement la présence ou le contact d’un parent à cet âge favorise l’autonomie sans coût émotionnel. Ce qu’on observe plus fréquemment, c’est que les bébés “apprennent” à se résigner… et que le lien de confiance se fragilise, du moins à court terme.
C’est surtout la diminution brutale de la présence, sans combler les besoins sous-jacents, qui ne fonctionne pas. Mon approche (que je détaille davantage dans mon programme) consiste d’abord à vérifier si le rythme est adapté : si un bébé met beaucoup de temps à s’endormir, son corps n’est peut-être pas prêt → vérifier la fatigue, l’état du système nerveux, le niveau de stimulation de la journée, les besoins sensoriels… parfois même une hypersensibilité (aux sons, aux vêtements qui grattent, etc.) que le bébé compense grâce au contact avec vous. Qu’est-ce qui était différent en vacances, par exemple ?
Et ce n’est que lorsque le bébé peut s’endormir sans pleurs, avec des petites aides qu’il peut utiliser lui-même (se balancer d’un côté à l’autre, mordre son doudou, frotter son lange…) que l’on peut envisager de diminuer graduellement la présence maternelle, en respectant son rythme.
Quelques pistes concrètes (à adapter à VOTRE contexte, sans pression) :
Garder un rituel ultra-prévisible, avec des signaux sensoriels stables : odeur, chanson, toucher, emplacement, etc. Ce sont ces repères récurrents qui rassurent le cerveau des tout-petits, bien plus que la promesse de “s’endormir tout seul”.
Intensifier les stimulations sensorielles qui l’aident à relâcher la pression en fin de journée (portage dynamique, bercements amples, massages profonds, longues balades…), mais aussi l’envelopper dans des repères corporels doux (gigoteuse, bruit blanc, ressenti de vos bras).
Rendre le lit aussi “proche” que possible de votre présence : chaleur/odeur (linge porté par vous, matelas tiédi quelques minutes avant), sensation de contenance (rouler légèrement une serviette sous le drap pour recréer un contour rassurant, par ex. — mais uniquement si la sieste est sous surveillance. Sinon, une autre astuce peut être de placer le lit contre deux murs adjacents pour renforcer la perception de sécurité). Cela ne remplace pas vos bras, mais ça réduit l’écart sensoriel.
Si elle s’endort sur vous et que vous souhaitez parfois la déposer, testez de prolonger quelques secondes de pression ou mouvement une fois posée, avant de retirer votre main (cf. le Reel où j’en parle 👉 https://www.instagram.com/reel/DKfM0kpCwZy/). Cela donne au cerveau l’impression que le contact est encore là le temps de “passer le relais” au matelas.
Si les dents ou un inconfort corporel semblent aggraver le tout, soyez indulgente avec vous et avec elle : réactiver le reflux, la poussée dentaire, tout ça bouscule le sommeil. (Et non, elle n’a pas “pris de mauvaises habitudes”, elle a juste besoin de secours neuronal pour supporter ce qui est inconfortable.)
Réfléchir au timing de la sieste du soir/nuit : parfois, décaler légèrement l’heure de la dernière sieste ou celle du coucher casse le cercle vicieux des micro-siestes et de la tension accumulée. Mais ce n’est pas magique, il faut tester.
Si cela vous aide, déléguez au maximum quand c’est possible, même si ce n’est que pour une promenade ou une heure, le temps de vous ressourcer.
Courage, prenez soin de vous aussi