Bonjour,
Je me permets de vous contacter à nouveau pour ma fille qui a 3 mois à présent. Elle est née à terme, est allaitée et dort dans un cododo. Les nuits en elles mêmes se passent bien, parfois des réveils pour téter puis elle se rendort sans soucis. Notre problème est à l’endormissement, il dure le plus souvent plusieurs heures et est accompagné de pleurs difficiles à calmer. Elle n’a pas de problème de santé, pas de RGO ou autre qui la dérange. Dès qu’elle commence à s’endormir, que ce soit au sein ou en bercement, elle ouvre les yeux et recommence les pleurs, comme si elle avait peur de lâcher prise et de dormir. On la rassure dans ces moments là en lui disant qu’elle est en sécurité, qu’on reste avec elle etc, mais au bout de plusieurs heures à répéter la même chose (sein, bercements, tétine ou non, portage même) on perd patience et l’énervement prend le dessus ce qui rend tout plus compliqué. La plupart du temps elle finit par s’endormir d’épuisement, ce qui nous rend triste parce qu’on sent qu’il n’y a pas besoin d’en arriver là et qu’elle veut juste dormir depuis plusieurs heures ! Comment pouvons-nous l’aider à s’endormir plus sereinement ? Nous faisons bien attention la journée à ce qu’elle ne soit pas trop surstimulée, peut être n’en faisons nous pas assez ?
Merci pour le temps que vous nous accordez ❤️
Bonjour,
Ce que vous décrivez — un endormissement long, souvent accompagné de pleurs, malgré un endormissement en contact et des nuits ensuite paisibles — est une situation plus fréquente qu’on ne le pense à cet âge. Et non, ce n’est pas un signe que vous vous y prenez mal, ni qu’elle a “peur de dormir” ou qu’elle fait “exprès” de se réveiller. C’est souvent une difficulté à réguler son système nerveux dans un moment de transition encore très instable à 3 mois.
Quelques repères utiles à cet âge :
Même une journée calme peut générer un excès de stimulations chez un tout-petit. Le système sensoriel est encore immature et peut avoir besoin d’un sas de décompression beaucoup plus long qu’on ne l’imagine.
Beaucoup de bébés commencent à prendre conscience, vers 3–4 mois, de ce qui les entoure et de ce qui se passe quand on les dépose… Ce qui marchait auparavant (s’endormir au sein, être posé sans trop de résistance) peut soudain devenir difficile, car leur cerveau anticipe la séparation.
Ce que vous décrivez — bébé qui semble s’endormir puis se réveille en pleurs dès les premiers signes d’assoupissement — est souvent un indicateur de tensions corporelles ou de besoins sensoriels non comblés, plutôt qu’un refus de dormir.
Quelques pistes à tester (sans pression, bien sûr) :
Du portage dynamique dans la journée, en plus du bercement du soir.
Même si vous portez déjà, augmenter un peu le nombre de sessions de portage en mouvement (marche, petits bercements) dans la journée peut l’aider à mieux réguler son besoin de mouvement avant le soir.
Des repères sensoriels stables dans le rituel du soir.
Pressions douces sur les bras ou les pieds, massage court et profond, enveloppement léger dans un lange ou une gigoteuse un peu “présente”, même odeur ou même chanson chaque soir… Autant de repères qui aident son corps à anticiper le sommeil, plutôt que de le subir.
Une routine ultra-prévisible, sans rush.
Le cerveau des tout-petits apprend par la répétition, pas par la nouveauté. Même si vous avez parfois l’impression que vous dites toujours la même chose (“Tu es en sécurité, on est là…”), c’est justement cela qui construit la sécurité interne.
Un ajustement du moment du coucher ?
À cet âge, les fenêtres d’éveil varient beaucoup, mais tournent souvent entre 1h15 et 2h. Paradoxalement, proposer le dodo trop tôt (par crainte qu’elle soit “trop fatiguée”) peut parfois rendre l’endormissement encore plus difficile. Vous pouvez noter l’heure du dernier dodo et tester différents timings, tout en gardant un œil sur les signes de fatigue.
Observez ce qui rend les choses un peu plus fluides.
Est-ce que certains soirs sont un peu plus faciles ? Est-ce qu’une balade avant le rituel change quelque chose ? Ou une position particulière, un accompagnement différent (moins de bercement, plus de voix, ou l’inverse) ? Cela vous donnera des indices sur ce qui l’aide, elle, à lâcher.
Enfin, si elle s’endort parfois d’épuisement malgré tout… respirez profondément : ce n’est pas un échec. Ce n’est pas ce qu’on souhaite, bien sûr, mais ce n’est pas un drame non plus. Votre fille ne se construit pas uniquement dans les dix minutes qui précèdent son sommeil, mais dans la globalité de votre présence. Elle n’est pas seule. Elle n’est pas abandonnée. Vous êtes là. Et c’est cela qui compte.
Et si elle revient chaque soir dans ce moment sensible, ce n’est pas nécessairement un “problème à résoudre”, mais un besoin à apprivoiser, à travers des essais, de l’observation, et beaucoup de douceur pour vous aussi.
Courage, vraiment — vous êtes sur le bon chemin!