Bébé 23 mois, couchers devenus interminables

Bonjour,
Mon fils de 23 mois a depuis 4 mois de plus en plus de difficulté de sommeil. C’est un bébé qui n’a jamais eu de soucis jusque là (il a ‘fait ses nuits’ a 2 mois, on l’a bercé pour s’endormir jusqu’à ses 7-8 mois. Et depuis on le posait et il dormait toute la nuit, jusqu’à 7-8h. Il est seul dans sa chambre depuis ses 6 mois. Depuis 4 mois c’est de pire en pire. Ça a commencé par les endormissements à rallonge (jusqu’à 1h30) puis les réveils se sont fait plus matinaux (6h parfois), et maintenant on a des réveils nocturnes (1/ nuit pas toutes les nuits et souvent avec rendormissement plutôt facile).. on sait qu’à cet âge c’est normal, on essaye d’être patient, d’accompagner, pas le laisser pleurer.. mais très clairement c’est de pire en pire donc j’ai pas l’impression que ça va passer.. Le rituel du couché c’était : hygiène, lecture d’histoire, câlin, au lit. Depuis les difficultés on a ajouté des comptines qui le calment mais maintenant il en demande toujours plus.. je chante et je finis par sortir de la chambre, je continu de chanter à travers la porte et à un moment je peux m’éloigner sans qu’il rappelle (il dors toujours pas) Le papa essaie de faire pareil mais c’est moins constant, par moment il se couche à côté par terre, lui carresse le dos.. J’ai l’impression qu’on s’enferme dans une boucle de renforcement positif. Je sais pas si il faut être plus ferme (toujours sans laisse pleurer), continuer de lui apporter ce qu’il demande pour l’apaiser..
Merci beaucoup pour tout ce que vous faites !

Bonjour,

Je comprends votre sentiment de tourner en rond : quand on fait tout son possible pour accompagner son enfant sans jamais le laisser pleurer, mais que ça semble « empirer », c’est franchement éprouvant.

D’abord, vraiment : ce que vous décrivez est d’une banalité… redoutable, à cet âge ! Et non, ce n’est pas parce que ça touche (encore) beaucoup de familles que ce n’est pas difficile à vivre.

Vers 2 ans (votre fils a 23 mois), c’est presque systématique : le sommeil devient plus chaotique qu’il ne l’était quelques mois auparavant. Entre la maturation du cerveau, l’explosion du langage, la volonté farouche d’indépendance et parfois, un besoin renforcé de connexion le soir… c’est le cocktail classique. Le sommeil, qui semblait sous contrôle, se complexifie, et beaucoup d’enfants qui « s’endormaient tout seuls » demandent à nouveau une présence plus active.

L’enfer des endormissements à rallonge

Ce qui se passe souvent :
– L’enfant réclame sans cesse « une autre histoire, une autre chanson, encore maman/papa, encore un câlin… ». C’est sa façon de s’assurer que le lien ne va pas s’interrompre brutalement au moment d’aller dormir.
– Plus on invente de nouveaux moyens d’apaiser (comptines, chansons…), plus il les réclame. Et ce n’est pas un caprice ou une « erreur » de votre part : à cet âge, le cerveau apprend essentiellement en répétant ce qui marche (ou qui semble marcher !) pour obtenir réconfort ou connexion.
– Le parent a parfois l’impression que toute tentative de fermeté (border le cadre sans laisser pleurer) est vécue comme une séparation dramatique, et la tentation est forte de céder… pour avoir enfin la paix, même temporairement !

Est-ce que vous l’enfermez dans une boucle ?
Pas vraiment. Ou en tout cas, pas par « erreur » de votre part. C’est le jeu du moment pour beaucoup d’enfants : tester l’effet de leurs demandes, de leurs « stratégies de rappel », parce que la séparation du soir est difficile à digérer. Cela ne va pas s’installer toute la vie, mais ça peut durer… plusieurs semaines, voire mois. Ce n’est pas pathologique, ni le signe que votre bébé manipule (non, ça n’existe pas à cet âge), ni que vous « installez de mauvaises habitudes ».

Pistes concrètes, toujours sans le laisser pleurer :
– **Rituel simple, cadre clair** : Une fois le rituel du coucher terminé (même si c’est une chanson, un câlin, etc.), annoncez clairement ce qui va se passer : « Après cette dernière chanson, je sortirai de la chambre. Je resterai tout près/la porte sera entrouverte. Je ne reviendrai pas, sauf si tu as peur ou un gros chagrin. » (Évidemment, on adapte selon comment vous vous sentez avec ça.)
– **Limiter les « plus, encore, encore… »** : Vous pouvez ritualiser ses demandes : par exemple, dès le début du rituel, donner à votre enfant « trois jetons histoires », qu’il dépose dans un petit panier à chaque histoire ou chanson. Quand il n’y a plus de jetons, c’est terminé. Cela lui donne une forme de contrôle tout en limitant les demandes infinies.
– **Posture très neutre après le rituel** : Rester présent.e, mais silencieux.se, en posture de repos, voire en fermant les yeux, sans répondre aux sollicitations si elles continuent (sauf vrai chagrin ou détresse). Cela rassure sans entretenir l’interaction.
– **Prévoir un petit objet de transition** : Un doudou, un t-shirt avec votre odeur, une veilleuse… Votre présence reste indispensable, mais ces petits repères aident parfois à combler un peu le vide de la séparation.
– **Choix limités, contrôle adapté** : Lui laisser décider un ou deux petits éléments : « Tu préfères que ce soit papa ou maman qui vienne dire bonne nuit ? » « Tu veux cette chanson ou celle-là ? » Cela donne le sentiment qu’il maîtrise un petit peu son coucher, sans lui demander de gérer l’ensemble.

Si un soir, tout part en vrille, n’hésitez jamais à revenir sur un accompagnement « plus rapproché » (donc aller voir, rassurer, rester un temps court, puis ressortir), cela ne cassera RIEN sur le long terme. Ce sont les fondations du lien qui, au contraire, soutiendront son autonomie future.

### Dois-je être plus ferme ?
La « fermeté » au coucher ne consiste pas à rigidement ignorer ses besoins, mais à donner un cadre répétitif, prévisible et rassurant. Il ne s’agit pas d’opposer sa volonté à la sienne (sous peine de transformer chaque coucher en champ de bataille !), mais d’accepter que le besoin de réassurance varie, et que l’autonomie reviendra avec le temps.

N’hésitez pas à ajuster d’un soir sur l’autre : parfois, ce sera la présence plus longue de papa qui rassurera ; parfois, ce sera votre chanson derrière la porte, parfois… c’est juste le temps qui fera son œuvre.

### À surveiller éventuellement :
– Un besoin de dépense physique — certains enfants, à cet âge, dorment mieux après une phase de mouvements, de jeux moteurs, juste avant le rituel du soir (ex : danser, sauter sur le lit, rouler comme un ballon…). Cela aide à « vider les batteries ».
– La durée de la sieste : certains enfants de 2 ans ont encore besoin de longues siestes, d’autres, beaucoup moins. Si la sieste dépasse 2h ou démarre tard, cela peut retarder l’endormissement.

### Ce que vous faites est précieux
Vous tenez bon, vous accompagnez sans jamais céder aux sirènes du « laissez-le pleurer », et vous cherchez le juste milieu entre vos besoins et les siens. S’il y avait une méthode miracle, elle serait connue de tous et vendue en pharmacie ! Le sommeil, surtout à cet âge, c’est une danse constante entre réajustements, patience, et… flexibilité parentale (autrement dit, faire comme on peut pour tenir la distance sans sacrifier sa santé mentale).

N’hésitez pas à piocher dans ces pistes ce qui vous semble ajusté à VOS limites – et accordez-vous aussi, si besoin, le droit de « faire au mieux » certains soirs, même si ce n’est pas optimal.

Vous n’allez pas « enfermer » votre enfant dans une boucle d’habitudes. Vous l’aidez à traverser une phase de maturation… qui, oui, finit toujours par passer.

Courage à vous dans cette traversée : elle n’invalide en rien tout ce que vous avez construit jusque-là.

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