Je suis épuisée , je me sens agacée de savoir qu’aïeuls çest si simple, je trouve ça injuste et je me sens vraiment pas cadrante pour ma fille
Bonjour,
Merci beaucoup pour la sincérité de votre message – on sent à la fois la fatigue, le courage, et l’injustice de ce que vous traversez. C’est humain d’éprouver tout cela en même temps, surtout après 17 mois de nuits coupées, à gérer seule le quotidien, avec la charge mentale colossale des travaux, l’absence du co-parent, et tout ce que demande un bébé qui a (beaucoup) besoin de vous.
Remettons d’abord les choses à leur place : il n’y a rien de “mal cadré” dans ce que vous proposez à votre fille. Charlie ressent sans doute profondément votre présence, votre chaleur, votre fiabilité — et c’est souvent le cas des bébés allaités, en cododo, très connectés à leur figure principale d’attachement. Ils se calquent naturellement sur la ressource qui leur apporte le plus de sécurité : vous. Et dans des périodes intenses (changements, séparations, nouvelles personnes…), ce besoin d’être collée à vous, de téter systématiquement, ne signifie pas un échec éducatif ou une carence. C’est une réponse normale d’un petit humain à son environnement.
Il est profondément démoralisant de voir qu’ailleurs, « ça marche » : une sieste de 2h30 après 1 minute d’endormissement. Mais ce que l’on oublie de dire, c’est que :
Certains bébés dorment effectivement mieux avec quelqu’un d’autre… parce qu’ils n’y projettent pas les mêmes attentes d’attachement, ou ne ressentent pas autant la charge émotionnelle du lien.
Ce n’est ni une preuve qu’ils sont mieux ailleurs, ni que vous faites « moins bien ».
👉 Être la figure d’attachement principale, ce n’est pas une image poétique. Des études d’imagerie cérébrale ont montré un véritable feu d’artifice dans le cerveau d’un bébé à l’écoute de la voix de sa mère. Alors imaginez quand vous le tenez, qu’il sent votre odeur, votre peau, votre rythme cardiaque…
Ce n’est pas forcément ce qu’il faut pour s’endormir, bien sûr — car dormir, c’est aussi se séparer un peu. Et selon le tempérament de l’enfant, cette séparation peut être très difficile. Votre bébé ne « refuse pas de dormir », son système nerveux réagit puissamment à un contexte d’activation émotionnelle et sensorielle intense. On ne peut pas toujours le contrôler.
Et puis rien ne dit que ces siestes “magiques” chez quelqu’un d’autre soient reproductibles tous les jours, ni qu’elles soient bénéfiques émotionnellement à long terme.
L’important, c’est de préserver, autant que possible, votre santé physique et mentale, et de multiplier les relais sans culpabiliser si ça ne se passe pas parfaitement.
🔁 Pour l’endormissement sans le sein
Il est possible de construire d’autres repères sensoriels à proposer en complément du sein ou des bras.
Parmi les plus efficaces :
Des stimulations proprioceptives ou vestibulaires : bercer de gauche à droite, tapoter doucement les fesses, exercer une pression douce sur les pieds ou les jambes.
Des repères auditifs ou olfactifs : fredonner avec les lèvres posées sur son front, utiliser un tissu ou doudou imprégné de votre odeur.
Un rituel stable et prévisible, sans rigidité : la même chanson, les mêmes gestes, la même ambiance.
Rien ne marche du jour au lendemain, mais chaque micro-changement compte : un seul réveil où vous tenez sa main au lieu de proposer le sein, c’est déjà une étape.
🤝 Pour l’accueil du papa à son retour
Charlie n’a pas connu de nuits ou d’endormissements gérés par son père. Il est donc normal qu’elle manifeste une préférence pour vous.
Vous pouvez proposer :
D’abord des temps de proximité apaisée à trois,
Puis des petits moments en duo, sans objectif de “réussite” immédiate,
En l’incluant aussi dans les soins du quotidien (et pas uniquement le jeu).
La clé est la patience et la régularité.
Si cela vous aide, j’ai regroupé plusieurs ressources à ce sujet dans ces stories à la une :
👉 https://www.instagram.com/stories/highlights/18124886323342045/
✨ Et surtout…
Vous avez déjà tenu, donné, accompagné, avec une présence émotionnelle que beaucoup d’enfants n’ont pas.
Votre fatigue, votre agacement, votre lassitude par moments ne font pas de vous une “mauvaise mère” — ils font de vous une humaine.
Parfois, “tenir bon” passe par déléguer, passer le relais, ou donner une garde à une tante juste pour dormir un peu, même si ça pique l’ego. Et c’est normal de le ressentir aussi.
Vous êtes exactement la maman dont Charlie a besoin.
Et ce que vous vivez n’est pas un échec. C’est l’histoire unique de votre lien, de votre enfant, de votre chemin. Et vous êtes en train de le tracer avec tout ce que vous avez.
Prenez soin de vous