Bonjour,
Je me permets tout d’abord de vous dire à quel point votre situation semble éprouvante et, surtout, à quel point il est normal de se sentir fatiguée et parfois désemparée dans ces conditions. S’occuper d’un bébé qui cumule autant d’otites (!) et qui a besoin d’être bercé pour chaque endormissement et chaque réveil… Bravo, vraiment, vous tenez bon malgré tout, et il n’y a rien que vous « fassiez mal ».
Je tiens à être très claire sur ce point : les difficultés de sommeil des tout-petits, surtout dans un contexte de douleurs répétées comme les otites, ne sont jamais le reflet d’une erreur éducative ou d’un « mauvais » choix parental. Face à l’inconfort, à la douleur et à l’accumulation des réveils, TOUT parent cherche simplement à apaiser, accompagner, survivre aussi.
Votre fille a 14 (bientôt 15) mois, et il est complètement courant qu’à cet âge :
Les endormissements restent associés à un contact physique important (bercement, tétée, bras…).
Les nocturnes soient perturbées par des facteurs de santé (ici, les otites, qui chamboulent le système nerveux et augmentent le besoin de réassurance).
La séparation soit difficile au moment du coucher, car l’anxiété de séparation connaît souvent un pic entre 12 et 18 mois.
Vous n’avez fait « aucune erreur ». Ce que vous décrivez est un enchaînement classique : pour soulager un bébé en souffrance (otites), on répond à ses besoins de contact et de sécurité renforcés. Rien de plus sain, rien de plus humain.
Pourquoi ce besoin intense de bras et de mouvement ?
Les bébés ont un système nerveux immature et, dans le cadre d’un inconfort récurrent (douleur d’otite), le besoin de régulation sensorielle par le mouvement et la chaleur humaine est majoré.
À noter ici un point souvent ignoré : le centre du système vestibulaire (celui qui perçoit les mouvements et les équilibres) est situé dans l’oreille interne. Il est donc possible que les nombreuses otites aient eu un impact direct ou indirect sur cette régulation sensorielle. Ce besoin de mouvement n’est donc pas à prendre à la légère : il est peut-être connecté à cela, même si je ne peux pas établir de lien précis.
Si elle est habitée par la douleur (ou le souvenir de la douleur), il est très logique qu’elle réclame ce qui la soulage : vos bras, le bercement, la tétée.
Concernant les siestes et l’endormissement :
À 15 mois, certains bébés passent à une seule sieste, mais beaucoup en gardent encore deux. Si les siestes nécessitent de plus en plus de temps d’endormissement, également le soir au coucher, alors ce sera un signe qu’il est peut-être temps de passer à une sieste.
En ce qui concerne le rituel actif (bercement, portage…) d’endormissement, c’est que son système nerveux réclame encore cet accompagnement.
Vous pouvez essayer de diminuer ce besoin en augmentant les stimulations de bercements tout au long de la journée (J’en parle dans ce REEL : https://www.instagram.com/reel/DLF23GzJoNQ/), mais aussi les stimulations proprioceptives, sous forme de massages, pressions douces, ou du portage (sans que l’objectif soit le sommeil, mais pour faire une balade ou lui montrer un peu de nature etc.). Ces besoins ne « s’apprennent » ni ne se « corrigent » ; ils évoluent avec la maturation cérébrale (et le soulagement des douleurs).
Pour les nuits compliquées :
La succession de réveils que vous décrivez est typique d’enfants souvent douloureux ou en mémoire de douleur. Leur sommeil reste fragmenté, et l’endormissement autonome devient quasi inaccessible tant que le corps n’est pas “rassuré”, ce qui peut prendre du temps après la dernière otite. Maximiser le contact physique avec la figure d’attachement (donc vous et le second parent) est donc ce qu’il y a de mieux à faire !
Évidemment, toute question médicale (douleurs persistantes, rythme inhabituel de siestes, réveils excessifs) doit rester sous l’œil du/la pédiatre. Après 30 otites, il n’y a aucune méthode de sommeil qui puisse remplacer l’analyse médicale ! Continuez à leur faire part de vos observations — parfois, l’ancienneté fait banaliser une situation alors qu’elle mérite un suivi attentif.
Quand vous le pouvez (et c’est rare, je sais), prévoyez un relais, même court : un quart d’heure de repos pour souffler, c’est toujours ça de pris.
Je le redis, avec conviction : vous ne faites aucune erreur. Ce que vous vivez, des milliers de parents le traversent en silence, surtout dans le cas d’enfants douloureux ou à fort besoin de contact. En l’état actuel des connaissances, il n’existe aucune méthode « miracle » qui convienne à TOUS les bébés, surtout dans ce contexte ; mais accompagner avec bienveillance, ajuster doucement, c’est LA bonne approche scientifique.
Courage, et surtout : confiance. Vous faites exactement ce qu’il faut pour votre fille.