Bébé s’endort au bout de quelques secondes de pleurs avec papa, et ne se réveille presque pas. Nombreux réveils avec maman. A-t-il renoncé? Est-ce de l’entraînement au sommeil?

Bonjour Alice,

Tout d’abord, merci infiniment pour cette plate-forme, c est un don très précieux que vous nous offrez et j imagine le travail que ça doit représenter

Voici mon questionnement
J’ai un bébé de bientôt 14 mois, né à terme, allaité encore aujourd’hui, mais avec une envie de sevrer de ma part en partie en tout cas la journée et totalement la nuit.
Bébé très énergique et extrêmement curieux, son sommeil a toujours été difficile. J ai dû l’endormir au sein + bercements + fredonnements pendant longtemps et a dormi sur moi longtemps aussi. Se rendort à chaque fois au sein. Il était en cododo et est dans sa chambre maintenant depuis quelques mois. J ai un matelas à côté pour dormir avec lui et rendre les réveils moins pénibles.
Il a eu beaucoup de reflux interne et des inconforts digestifs (gazs, rots, constipation) pendant longtemps. Aujourd hui plus de reflux ni de constipation mais je sens que mon lait est toujours un peu problématique pour lui à force de téter toute la nuit (rots et gazs qui ne passent pas et le réveillent)

Jusqu’à aujourd’hui avec moi il y a vraiment beaucoup de réveils, passablement aléatoires, 1h, 2h, 3h max (1x 4h youhou!) Et j ai l’impression d avoir tout essayé
Au moins, depuis un moment maintenant, les endormissements sont rapides et faciles et lorsqu’il se réveille également, mis au sein et se rendort vite, 10min max, parfois des réveils longs mais plutôt rare.

Son papa a récemment pris le relais pour l endormir pour que je puisse récupérer, on avait déjà essayé mais impossible pour baby, cette fois ça se passe mieux, tellement mieux qu’il a carrément fait sa première nuit complète après la 2e nuit avec papa !!

Ce revirement de situation si drastique me questionne beaucoup. Je sais que son papa répond à ses besoins, mais il me dit qu’après son rituel qui se passe bien il le berce dans ses bras, le pose dans le lit avec des caresses et sort de la chambre. Notre fils pleure 30 secondes, 1min grand grand max un peu par à coup mais fort et s’endort.
Du coup j ai très peur qu’il dorme toute la nuit parce qu’il pense qu’il ne peut pas appeler son père pour du réconfort. Est- ce que de pleurer comme cela, même fort, peut être une stratégie d’endormissement?

Son père a répondu présent lorsque la première nuit notre fils a eu quelques réveils en pleurs et la 2e nuit il s est rendormi le temps que mon conjoint aille aux toilettes.

Je me demande cela parce que, pour avoir entendu les pleurs cette 4e nuit si les rôles avaient été inversés moi je serais intervenue, mais mon conjoint a dit non regarde il va s’endormir dans 20secondes, ce qui a été le cas.
Les pleurs me stressent toujours beaucoup, surtout avec mon niveau de fatigue +++ voilà pourquoi je voulais vous demander un avis extérieur. Je ne veux surtout pas que mon bébé se sente abandonné. Puis vient les questionnements habituels, qu’est ce que je fais de faux et pourquoi je n’arrive pas à faire dormir mon bébé depuis 1 an et mon conjoint y arrive en 2 nuits..

Depuis, les journées se passent bien, il est un peu plus collé à moi et demande plus le sein que d’habitude, mais je trouve normal vu le gros changement. Il est toujours proche de son père également même plus qu’avant

Bref pardon pour ce gros pavé. Merci beaucoup d avoir pris le temps de me lire.
Cordialement,
Léa

Bonjour Léa,
 Votre questionnement est non seulement légitime, mais il est aussi révélateur de votre désir profond de faire au mieux pour lui.

Tout d’abord, bravo d’avoir tenu le cap, malgré la fatigue et les nuits courtes. Votre investissement et votre écoute sont précieux pour votre fils — ça, personne ne peut en douter.
Pour votre question sur les pleurs : impossible de répondre avec la certitude basée sur des études ou données fiables, et le peu qu’il y a, ont été extrapolé d’un côté comme de l’autre. 

C’est une question délicate, et il n’existe pas une réponse scientifique tranchée. Peu d’études explorent directement ce scénario (surtout à cet âge), et beaucoup de choses sont extrapolées, parfois un peu rapidement, dans un sens comme dans l’autre.

Mais voici ce que l’on peut poser avec un certain recul :

👉 Oui, les pleurs sont le plus souvent un signal de besoin. Mais… il existe aussi des moments — surtout entre deux cycles de sommeil — où un bébé peut pleurer sans que ce soit un appel conscient à l’aide. Cela peut être un réveil confusionnel, un micro-réveil avec agitation, ou une tentative de re-régulation physiologique.

Quand on dit qu’un bébé ne sait pas encore s’auto-réguler avant 3 ans, on parle du fait de traverser seul un état de détresse émotionnelle profonde. Mais utiliser des petits moyens d’apaisement (succion, bercement, compression sensorielle…) pour rebasculer dans le sommeil, c’est possible, et certains bébés y parviennent brièvement.

Ca a été le cas pour ma fille (une réalisation aussi assez traumatique, que mon intervention avait peut-être empêcher des siestes plus longues pendant de longs mois :-/.. Je ne saurais jamais!), mais quand c’était un vrai appel, croyez-moi, 30 secondes n’auraient pas suffi à apaiser quoi que ce soit.

« Et si mon bébé avait renoncé ? »
C’est une peur très fréquente — et très compréhensible. On pense tout de suite à la fameuse “résignation acquise”, ce moment où l’enfant ne pleure plus… non pas parce qu’il va bien, mais parce qu’il a compris que personne ne viendra.

Mais honnêtement, ce que vous décrivez ici ne ressemble pas du tout à ça. Votre bébé a eu un rituel rassurant, il n’a pas été laissé seul dans sa détresse sur de longues périodes, et son père a été réactif lors des premiers réveils.

L’étude de Middlemiss à laquelle on fait souvent référence a été menée sur des bébés plus jeunes (4 à 10 mois), et dans un cadre très spécifique où l’absence de réponse parentale était répétée sur plusieurs jours. Ce n’est pas ce que vous vivez.

Alors bien sûr, je ne peux pas affirmer avec certitude ce qui se passe dans le cœur et le cerveau de votre bébé à ce moment-là… mais d’expérience, et au vu de ce que vous décrivez, je ne pense pas qu’il ait renoncé.

Et pour être tout à fait transparente : j’ai pris le temps d’aller lire ce qui se dit sur certains sites qui promeuvent l’entraînement au sommeil (ça m’a coûté, je ne vais pas mentir — je suis encore un peu écœurée…).

Ce que j’y ai lu : passé 12 mois, ils préviennent clairement que les pleurs peuvent durer longtemps — parfois plus d’une heure — et que plusieurs jours sont nécessaires avant d’observer des “progrès”. On est donc très loin des 30 secondes que vous décrivez ici.

Ça ne veut pas dire que je cautionne ces méthodes, au contraire. Mais ça me semble important de rappeler que ce que vit votre bébé n’y ressemble pas du tout : il n’est pas seul, pas ignoré, pas confronté à une absence de réponse sur la durée.

Il est aussi NORMAL, et même sain, d’avoir une sensibilité élevée à la détresse de son bébé (et parfois moins de “tolérance” à attendre, surtout avec la fatigue accumulée ou l’histoire d’allaitement et de fusion). Vous n’avez rien à vous reprocher. Ce n’est pas une question de “faire mieux” ou “moins bien”. Ce qui fonctionne avec l’un des parents ne marche pas forcément avec l’autre — chacun a son tempo, sa “signature” relationnelle avec l’enfant. Votre fils ne dort pas mieux avec son papa parce que vous auriez “mal fait” ou parce que son père serait “plus ferme”… Simplement, il n’a pas accès à la même stratégie avec lui, donc son cerveau expérimente autre chose.

Et non, dormir plus longtemps avec papa n’est pas nécessairement un signe que votre bébé a “renoncé” à appeler :.

Quelques repères pour la suite :
– Continuez à offrir la possibilité de contact physique, de câlins, de disponibilité émotionnelle après la nuit ou en journée : cela “répare” bien plus de choses qu’on ne croit.
– Si le sevrage de nuit vous semble nécessaire, ce qui compte n’est pas d’être soudainement “froide” ou distante, mais d’expliquer (oui, même à 14 mois !), d’accompagner, de proposer d’autres moyens de réconfort.
– Si vous ressentez que certains soirs vous avez envie d’intervenir au bout de 20 ou 30 secondes, faites-le, tout simplement. Il ne s’agit pas de gagner une guerre ou de “tenir le choc”, mais d’avancer dans le respect de chacun, y compris le vôtre.

Alice

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